Des outils simples et libérateurs

Comme je suis classé dans la catégorie "informaticien", il arrive que mes interlocuteurs me sollicitent sur leurs choix d'informatique personnelle, notamment sur la gestion et la sauvegarde de leurs données personnelles. Et comme le choix du système d'exploitation ou des logiciels n'est pas neutre, je me contente souvent de décrire ce que j'utilise, et pourquoi. Sans le pourquoi, je me contenterais de rallier des gens à mes goûts, éventuellement ; avec le pourquoi, ils peuvent faire un choix éclairé concernant leurs arbitrages numériques.

Choisir son système d'exploitation

(je ne parlerai dans cet article que de solutions pour ordinateur personnel) Pour les habitué(e)s de l'informatique, définir "système d'exploitation" ne pose pas de problème. Les personnes non sensibilitées ne font en revanche pas le lien entre Windows et système d'exploitation, ne disent jamais "Mac OSX" et n'ont pas entendu parler de Linux. Elles n'ont pas conscience qu'il existe un logiciel maître de tous les autres, qui réagit quand on lance un programme, quand on reçoit une notification, quand on branche une clé dans un port USB ou qu'on lance une impression. Elles font confiances à la personne qui vend l'ordinateur pour avoir mené cette réflexion à leur place. Et je fais la même chose quand je porte ma voiture au garage ; il ne me viendrait pas à l'idée (ou alors pas longtemps) de remplacer le logiciel propriétaire de gestion de ma voiture par un autre : je me dis naturellement que la marque sait ce qui fonctionne bien avec son produit.

Il n'empêche qu'un utilisateur aura intuitivement un avis sur sa machine, si elle est performante ou non, si on peut facilement installer des périphériques et des nouveaux logiciels, s'il en a pour son argent. C'est là que le choix du système d'exploitation commence. Si vous dites à quelqu'un que sur votre ordinateur les logiciels sont gratuits et que vous ne payez pas non plus de coût inclus à l'achat pour le système d'exploitation, vous avez gagné son attention. Tous les autres avantages de l'open-source s'effacent pour madame-tout-le-monde face à l'enveloppe globale que lui coûte son informatique, toujours trop chère.

Rapidement néanmoins, des doutes viennent. Est ce que je vais devoir changer mes habitudes ? Est-ce que je vais pouvoir me dépatouiller pour installer un nouveau logiciel ? Est-ce que je vais pouvoir ouvrir tous mes fichiers ? Contrairement à ce qu'un profane en informatique pense, les éditeurs de système privés, Microsoft et Apple, ne vont pas les aider à rendre leurs données facile à ouvrir. Seule la communauté du "Libre" milite pour des formats de données qui peuvent traverser les âges, et créer de la documentation pour que les développeurs de logiciels sachent comment les manipuler. A travers la simplicité d'utilisation, les éditeurs pro masquent l'obsolescence programmée de leur proposition ; jamais ils ne garantissent la pérennité d'un format de données qu'ils utilisent, ou d'une fonctionnalité qui vous sert au quotidien.

Les gens à qui j'ai installé une distribution Linux ont été séduits par l'idée qu'ils maîtrisaient dorénavant comment leur environnement de travail allait évoluer, et par la possibilité de tester plein de logiciels (gratos) avant de sélectionner ceux qu'ils allaient conserver. Et se sont effrayés de me voir lancer un terminal de commande quand une erreur survenait. Je comprends la frayeur irraisonnée d'une personne lorsque l'interface graphique fournie n'est plus nécessaire et suffisante pour contrôler la machine. Jusqu'à des versions récentes, Windows obligeait ses utilisateurs à passer par l'interface graphique du système, même s'il fallait ouvrir de multiples fenêtres avant d'arriver à l'option recherchée. La blague du plantage avec écran bleu les a aussi poursuivi. Si le professionnel s'inquiète de ne pas avoir les informations nécessaires à la correction de l'erreur survenue, le novice a la croyance qu'avec un bon redémarrage, tout va marcher comme avant.

Les centres d'aide ont récemment modifié les risques. Evidemment, Microsoft et Apple vendent leur propre assistance commerciale sur leur système, et paient les constructeurs (ou construisent eux-mêmes) pour que ce soit leur système qui soit vendu sur l'ordinateur que vous achetez. J'ai fait le choix de faire confiance à une association (Commown) qui vend des ordinateurs mais aussi une assistance. Avec une machine en location, je retrouve des services similaires à ce qu'offre une marque commerciale, mais avec une distribution Linux qui pérennise mon usage numérique : en cas de problème, j'ai un interlocuteur sympa à qui parler. Je peux donc aujourd'hui conseiller cette solution à un interlocuteur en confiance, car elle sera guidée en cas de problème.

Choisir comment sauvegarder ses données

L'arrivée des services cloud (en nuage) combinée à l'arrivée des mini-pc et ordinateurs équipés de disques durs véloces mais à petite capacité de stockage a poussé les gens à réfléchir à leur manière d'organiser leurs fichiers. Certains ont décidé de tout faire par internet, que ce soit consulter leurs email ou écouter de la musique, et en conséquence ils n'ont pas besoin d'une grosse machine. D'autres ont le souci de garder leurs données sous la main, ne serait-ce que pour ne pas être embêté en cas de panne d'internet, et ont investi dans des NAS (petits ordinateurs dédiés au stockage) pour avoir la place de sauvegarder leurs films et séries préférés. La plupart des gens aujourd'hui oscillent entre les deux, mettant sur le cloud ce qu'ils veulent partager avec leurs amis/famille/collègue ou avoir accès depuis leur téléphone mobile, et préservant leurs fichiers privés sur une clé USB. On a coutume de conseiller deux sauvegardes, une sur le cloud et une sauvegarde physique, car les deux peuvent lâcher pour des raisons différentes : elles se complètent l'un l'autre. Malgré tout, peu d'utilisateurs ont des routines de sauvegarde clairement établies. Si les logiciels de synchronisation de sauvegarde dans le Cloud sont si populaires, c'est parce qu'ils évitent à leur maître de réfléchir à leur politique de sauvegarde.

Les propositions commerciales directes (Dropbox) font concurrence aux solutions offertes par les éditeurs de systèmes d'exploitation (Microsoft, Apple, Google) qui vendent leur solution Cloud intégrée (OneDrive, iCloud, GoogleDrive) dans votre gestionnaire de fichiers. Comme vous avez déjà payé pour le système, on vous offre les premiers GigaOctets de stockage ; pour avoir plus, il faudra rajouter un petit supplément. Chaque logiciel payant y va maintenant de sa proposition de sauvegarder vos données à votre place, dans l'espoir de gagner votre fidélité ou votre paiement. Toutefois, ces solutions cachent plusieurs problématiques.

  • La première problématique est la confidentialité de vos données : êtes-vous sur que celui qui les stocke ne fait pas tourner des algorithmes dessus, les supprime bien quand vous les supprimez, ne laisse pas des tiers y jeter un oeil ? La plupart des gens ne lisent pas les clauses légales qui les relient à ses services, et même s'ils le font, elles sont régulièrement modifiées pour limiter au maximum la transparence sur ces questions.
  • La seconde problématique est le poids des données enregistrées. Installé dans votre gestionnaire de fichiers, les agents de sauvegarde vont avoir tendance à sauvegarder tout ce qui est dans votre répertoire personnel, y compris votre répertoire vidéo qui peut vite être volumineux. Des dizaines de Go s'accumulent, et au-delà de la facturation qui peut grimper et du coût écologique de ce stockage, c'est le temps de synchronisation qui va devenir un handicap : votre ordinateur va tout le temps travailler en tâche de fond, puisant dans les ressources de votre machine qui ne sont pas infinies. Des utilisateurs avertis iront bien sûr modifier le paramétrage de leur programme de Cloud pour éviter de "tout" sauvegarder, mais cela demande là encore d'avoir réfléchi à une routine de sauvegarde des données, une pensée qui ne passionne pas les foules (à l'exception notoire des informaticiens qui adorent ça, eux).

Avec l'essor des solutions en ligne, Google et sa flopée de services a créé le lien entre espace de stockage et environnement de travail, de sorte que vous pouvez lancer un programme sur un fichier directement depuis votre répertoire de sauvegarde. Depuis, les logiciels qu'on installait autrefois sur nos machines sont maintenant déportés sur internet, ou exécutés par un navigateur. Au XXè siècle, on passait du temps à créer des documents texte avec des mises en page complexes, et on les envoyait ainsi à nos correspondants. Aujourd'hui, la plupart des utilisateurs d'informatique ont un flux de notes en forme assez brute, qu'ils vont pouvoir ensuite importer soit sur des pages internet, soit dans des logiciels plus élaborés pour travailler la forme finale.

Et l'open-source dans tout ça ? Les utilisateurs des solutions unices (linux) ont toujours aimé les fichiers, puisque dans un système linux, tout est fichier. Aaron Swartz (décédé il y a 10 ans déjà) propose trois inventions pour partager la connaissance de manière libre et non intrusive : les flux RSS pour être notifié de manière non intrusive des publications d'autui, le markdown pour mettre en forme de manière simple tous les documents texte, et les creative commons pour encadrer les conditions du partage de contenu. Ces outils sont au centre des alternatives au GAFAM, et notamment du logiciel NextCloud qui permet de sauvegarder ses données et les manipuler dans le même espace, le tout en conservant le contrôle total sur ses données.

Je recommande l'adoption de NextCloud, que j'utilise au quotidien, comme solution "Cloud" bien sur, mais aussi pour la gestion de mon agenda, de mes favoris internet, ou de mes abonnements aux flux RSS. Vous pouvez avoir NextCloud sur votre machine et installer des extensions selon vos envies, mais vous pouvez aussi confier vos données à un petit hébergeur local (les CHATONS) qui se chargera de la stabilité et de la maintenance, et qui fera les mises à jour. Pour ma part, j'ai placé ma confiance chez Zaclys depuis des années, et je suis content de leur renouveler mon soutien à chaque fin d'année. Afin de compléter ma panoplie de sauvegarde, importante puisque mon ordinateur est en location (et peut partir en réparation à tout moment), je dispose d'un NAS et d'un disque dur externe pour les sauvegardes. Vous pouvez automatiser ces dernières avec rsync ou des programmes analogues (même sur mobile), mais je préfère garder une partie manuelle à la conservation de mes données, pour y appliquer une autre tâche très importante : le tri.

L'intrusion de la ligne de commande

Commown, ainsi que d'autres acteurs du marché convaincus par l'adoption de Linux par le grand public, proposent aujourd'hui un système d'exploitation (linux est en ensemble de paquets assemblés qu'on appelle distribution et il en existe des centaines) où toutes les opérations courantes se font via l'interface graphique. L'époque où le geek passait son temps à écrire des lignes de commandes est heureusement révolu, et il n'est plus nécessaire d'être un barbu dans sa cave pour accéder aux félicités d'un ensemble de logiciels open-source gratuits et utilisables sans connaissance particulière. A mon niveau, le choix du système vient aussi de mon travail de développeur. Si vous n'êtes pas un passionné d'informatique, vous pouvez arrêter votre lecture ici, car je vais finir sur mes outils de travail.

Publié le 27 avril 2023

Contactez-moi

Si les "stacks" JS/VueJS/Nuxt ou Laravel vous intéressent, que vous souhaitiez en discuter avec moi ou me confier un de vos projets à créer ou à reprendre, vous pouvez utiliser le formulaire de contact, ou m'écrire directement par e-mail.
Je ne réponds pas toujours immédiatement à mon téléphone, mais si vous me laissez un message, je vous rappellerai.
Horaires d'ouverture

Du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 16h
je travaille en dehors de ces créneaux, mais je réponds plus rarement au téléphone

Coordonnées

ecrire.a@scriptami.com(33) 638 056 100
10, allée des rossignols
74150 Rumilly
France